Dans l’intimité des chansons de Françoise Hardy

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L’icône française se raconte autant qu’elle capte l’air du temps. Quand amour ne rime pas avec toujours.

Elle est sévère avec elle-même Françoise Hardy. Et n’est pas toujours tendre avec ce qu’elle a pu écrire quand elle n’avait même pas 20 ans. Voilà ce qu’il ressort aussi à la lecture de Chansons sur toi et nous, en plus de la mine d’infos que contient cette anthologie.

Soit les textes de plus de deux cents chansons que cette icône de la chanson française a écrits entre 1962 et 2018 – depuis « Tous les garçons et les filles » jusqu’à « Un mal qui fait du bien ». Au départ, elle était à deux doigts de refuser la proposition de son éditeur, justement parce qu’elle considérait que ses premiers textes étaient trop mauvais. Quand fut évoqué le fait qu’elle pourrait les commenter, elle changea d’avis.

Alors, c’est vrai qu’elle est impitoyable. « Voilà un texte d’une naïveté, d’une vanité et d’une confusion puériles » (à propos de « Comme tant d’autres », 1963). De ses débuts, elle sait pourtant en sauver certaines. « J’ai toujours été fière de cette chanson, tant de la mélodie que du texte » (« Viens là », 1967).

Magie d’une mélodie

L’autrice, compositrice et interprète le rappelle à de nombreuses reprises : elle attache une très grande importance à la musique. Encore récemment sur son ultime album, Personne d’autre, mais déjà à l’époque, ses oreilles traînent à la recherche d’artistes talentueux qui arriveront à mettre en musique les harmonies qu’elle a en tête. Si parfois elle se laisse influencer et regrette certains enregistrements, elle sait, aussi, bien s’entourer (Jean-Pierre Sabar, avant l’incontournable Michel Berger ou Gabriel Yared et Rodolphe Burger pour ne citer qu’eux). Elle est tout autant particulièrement douée pour adapter des morceaux d’artistes étrangers.

« En tant qu’auditrice comme en tant qu’auteur, la magie d’une mélodie qui donne envie de la réécouter encore et encore a toujours été ma priorité absolue », écrit-elle. L’on en tient pour preuves qu’à l’énoncé de certains titres de ses chansons, l’on se mette à les fredonner d’emblée.

Chanson sur toi et nous ? En référence à un des titres de l’album Star (1977). Car nombre de textes ont été inspirés par sa relation avec Jacques Dutronc. Au départ des histoires de cœur, son écriture décline à l’infini l’attente et le manque. « Depuis longtemps, maintenant, je pense qu’il importe davantage d’aimer que d’être aimé », confie-t-elle.

Petit à petit, elle se fait plus indulgente. On retient qu’elle considère La question (1971) comme un de ses meilleurs albums, « La saison des pluies » (Clair obscur, 2000) comme un de ses meilleurs textes, « Contre-jour » (Le danger, 1996) comme un de ses préférés. Et, bien sûr, une attention particulière portée à la reprise de Mireille, « Puisque vous partez en voyage », qui réunit Françoise, Jacques et Thomas, leur fils, à la guitare.

Des confidences d’une confondante franchise.

Marie-Anne Georges

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