Le sort terrible des petites « Intouchables »

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Le cerf-volant, le nouveau roman de Laetitia Colombani, trône déjà en tête des ventes et ira peut-être rejoindre le succès populaire de La Tresse (2 millions d’exemplaires) qui la fit connaître.

Dans ce récit, elle plonge à nouveau les lecteurs dans une Inde loin des rêves: « Ce pays dont on vante tant la splendeur, la culture et les traditions serait-il un monstre à deux têtes ? Est-il possible qu’il soit le théâtre de tant d’injustices ? Que les droits des femmes et des enfants y soient à ce point bafoués ? Cette contrée, berceau de l’humanité, cache une société profondément divisée, qui sacrifie tous ceux qu’elle devrait protéger ».

On suit l’histoire de Lena, une enseignante de Bretagne qui, après un choc terrible lié à ce qui est arrivé à son compagnon François (on ne le saura que tard dans le livre), part au sud de l’Inde se ressourcer, à Mahäbalipuram, célèbre pour ses temples merveilleux sur les plages. Mais elle y découvre une Inde âpre, cruelle, avec le sort effrayant toujours réservé aux Dalits (les Intouchables). Elle se rend vite compte que les petites filles de cette « hors-caste » ne vont pas à l’école et sont traitées comme des esclaves.

Bons sentiments

Cent fois, elle hésite à rester, cent fois, elle revient vers ce coin du monde et ces enfants qu’elle veut aider. Elle y rencontre Holy, de son vrai nom Lalita, une petite fille qui joue sur la plage au cerf-volant et qui l’a sauvée de la noyade lors de son arrivée en Inde. Et puis elle se lie avec Preety, une Intouchable qui se bat avec une fougue renversante, à la tête de sa Red Brigade de combattantes rompues aux arts martiaux, contre les violences faites aux femmes et en particulier contre les violeurs.

Lena y trouve une cause et une famille et décide d’y construire une école, base d’une émancipation possible des femmes Dalits.

Le cerf-volant est un roman plein de bons sentiments et d’espoir malgré les infinis problèmes du monde, un portrait généreux de femmes qui se battent contre les injustices. On ne peut qu’y souscrire, bien sûr, et espérer qu’un roman-reportage comme celui-là puisse faire prendre conscience de cette autre réalité que touristique ou économique de l’Inde.

Mais les bons sentiments font rarement de la bonne littérature et ce récit qui peut se lire facilement est trop tissé de clichés et de personnages sans épaisseurs suffisantes, avec une écriture sans relief. Dès le début, on se doute (on ne révèle rien en disant cela) que la construction de l’école sera difficile mais qu’au terme de celle-ci, la petite fille au cerf-volant sera « belle, si belle avec ses grands yeux noirs, ses cheveux longs et tressés ».

Laetitia Colombani | Le cerf-volant | roman | Grasset | 205 pp., 18,50 € Version numérique 13 €

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